Dans le cadre de la clôture des activités de la Semaine Mondiale d’Action pour l’Education (SMAE) 2025, un atelier d’information sur le Cluster Éducation a été officiellement lancé ce mercredi, 07 mai 2025, à l’Institut National de Recherche et d’Action Pédagogique (INRAP) de Donka, dans la commune de Dixinn. L’événement a rassemblé plusieurs cadres du système éducatif guinéen, les Partenaires techniques et financiers ainsi que des représentants de structures partenaires au développement. La démarche s’inscrit dans une volonté commune de renforcer la résilience du secteur face aux crises qui peuvent intervenir de façon inattendue, a appris sur place Guineematin.com à travers un de ses reporters.
Cette rencontre s’inscrit dans une dynamique de mobilisation autour du thème « L’Éducation en situation d’urgence dans le contexte des conflits et des catastrophes ». Une thématique qui souligne la vulnérabilité persistante des systèmes éducatifs en temps de crise.
Dans son intervention, Mme Camara Fatoumata Dabo, présidente du Conseil d’administration de la Coalition nationale guinéenne pour l’éducation pour tous, a rappelé l’importance du thème choisi.
« En tant que coalition nationale pour l’éducation et membres actifs de la société civile, nous mesurons l’impact profond que peuvent avoir les crises, qu’elles soient liées à des conflits armés, des catastrophes naturelles ou des déplacements de populations, sur notre système éducatif. Des milliers d’enfants sont privés d’école. Des enseignants se retrouvent déplacés ou en insécurité. Des infrastructures éducatives sont détruites. Pourtant, même dans ces contextes les plus critiques, l’éducation reste une urgence. Une école qui fonctionne en temps de crise est bien plus qu’un lieu d’apprentissage : elle est un espace de protection, de stabilité et d’espoir. Le tragique incident du dépôt d’hydrocarbures de Coronthie en 2023 en est une illustration frappante », a-t-elle rappelé.
Par ailleurs, Mme Camara Fatoumata Dabo est revenue sur les objectifs de l’atelier. « Aujourd’hui, nous sommes réunis ici pour mobiliser, informer et unir. D’une part, il s’agit de sensibiliser les membres et non membres du Cluster Éducation à son rôle, à son fonctionnement et aux opportunités qu’il offre en matière de coordination, de plaidoyer et d’action sur le terrain. D’autre part, nous souhaitons faire connaître la stratégie gouvernementale de réponse éducative en situation d’urgence, et explorer comment la société civile peut contribuer activement à sa mise en œuvre », a-t-elle fait savoir.
Le Cluster Éducation, selon elle, permet de mieux coordonner les efforts, éviter les duplications d’intervention, et de plaider pour des ressources adaptées aux contextes de crise. Mme Fatoumata Dabo a en outre tiré la sonnette d’alarme sur les tendances mondiales inquiétantes en matière d’éducation en temps de crise. « En Guinée, tous les documents stratégiques de développement, tels que le PNDS et le PRI, reconnaissent que l’éducation est un secteur prioritaire. Pourtant, malgré des progrès notables, notre système éducatif reste confronté à des défis majeurs à l’horizon 2030. La Semaine Mondiale d’Action pour l’Education (SMAE) 2025 s’appuie sur la déclaration de 2022 : “Protégeons l’éducation dans les situations d’urgence maintenant !” Selon le rapport Education Under Attack 2024 du GCPEA, les attaques contre l’éducation ont augmenté de 20 % en 2022 et 2023. Par ailleurs, l’UNICEF nous alerte à travers son Indice de risque climatique pour les enfants : un milliard d’enfants vivent dans des pays exposés à un risque climatique extrêmement élevé. 8,2 millions de personnes ont été déplacées en 2022 par des catastrophes naturelles. Une hausse de 45 % par rapport à l’année précédente », a fait savoir Fatoumata Dabo.
Face à cette situation alarmante, elle lance un appel à l’engagement de tous. « Rejoignez le Cluster Éducation, participez activement à ses réunions et groupes de travail, faites entendre la voix des communautés affectées ; et surtout, restons unis pour défendre le droit à l’éducation pour tous, en toutes circonstances. L’éducation en situation d’urgence n’est pas un luxe. C’est une nécessité. Un droit fondamental. Une priorité absolue. En cette Semaine mondiale d’action pour l’éducation, portons ce message haut et fort : même en temps de crise, l’école doit continuer ».
Pour le Directeur national adjoint de l’Agence nationale de volontariat jeunes (ANVJ), cette rencontre arrive à point nommé car elle permettra aux différents acteurs d’être outillés sur les approches de ripostes des plans de contingence du système éducatif guinéen. Il a ensuite souligné que les objectifs de cette rencontre cadrent avec la vision du Projet SIMANDOU 2040 du président de la République surtout que l’un de ses piliers est centré sur l’éducation et la formation en toutes circonstances. Enfin, il a souligné les ambitions de son organisation d’engager 4 000 Jeunes volontaires au niveau de l’enseignement au compte du gouvernement et 21 volontaires pour la capacitation des cadres de l’éducation en partenariat avec la coalition, France Volontaire et l’AFD.
Présent à cette cérémonie, le Directeur communal de l’éducation de Kaloum, Ibrahima Yattara, a exprimé son soutien à cette dynamique.
« La commune de Kaloum, comme d’autres zones du pays, n’est pas à l’abri des situations d’urgence liées aux catastrophes naturelles ou aux conflits. Il est donc essentiel que les acteurs éducatifs soient mieux outillés pour assurer la continuité des apprentissages, même dans les moments les plus difficiles. Cet atelier nous offre une belle opportunité d’apprendre, de partager nos expériences et de construire des solutions adaptées à notre contexte. Je souhaite plein succès aux travaux de cet atelier et réaffirme la disponibilité de la Direction communale de l’éducation de Kaloum à accompagner toutes les initiatives en faveur d’une éducation inclusive, sécurisée et durable », a promis Mr Ibrahima Yattara.
Le Directeur national de l’Alphabétisation, de l’éducation non formelle et de la promotion des langues nationales (DNA-ENF-PLN), Momo DAMBA, a plaidé en faveur de la prise en compte de l’alphabétisation dans le plan de contingences qui sera mis en place par les partenaires.
Pour sa part, le Pr Faya Oularé, Directeur général adjoint chargé de la recherche et de l’innovation à l’Institut Supérieur des Sciences de l’Éducation en Guinée (ISSEG), a insisté sur la place centrale de l’éducation dans la prévention des crises.
« En principe, il faut informer les gens afin que l’éducation ne soit pas une victime des catastrophes. Que l’éducation ne soit pas non plus une victime des décisions politiques. Il faut que l’éducation soit une solution. Booster l’alphabétisation, cela signifie qu’il faut revenir vers les adultes. Il faut veiller à ce que la scolarisation ne soit pas entachée de déperditions dans nos établissements. Cela signifie que l’information qui doit passer ici, c’est que tous les acteurs doivent s’impliquer dans la mobilisation : les acteurs de tous les secteurs, les parents, les autorités, tout le monde, afin que l’éducation joue pleinement son rôle dans la prévention des crises et des catastrophes », a-t-il signifié.
Mamadou Laafa Sow pour Guineematin.com
Tél. : 622 919 225
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