La journée internationale de la non-violence éducative est célébrée le 30 avril de chaque année à travers le monde. Elle est instituée en 2004, sur initiative de diverses associations et organisations. Cette célébration vise à promouvoir une éducation qui exclut toute violence dans les écoles. Pour parler de la non-violence éducative, notamment de l’utilisation du fouet en milieu scolaire, un reporter de Guineematin.com a donné la parole lundi, 28 avril 2025, à Mamadou Mountagha Souaré, directeur de l’école primaire de Kipé 2, dans la commune de Ratoma. Selon cet éducateur, l’usage du fouet par un enseignant est un manque de stratégies.
Malgré son interdiction, l’usage du fouet en milieu scolaire reste encore de mise. Il est un moyen qui permet à certains enseignants de mettre de l’ordre dans les établissements scolaires ou de forcer les élèves à apprendre. Une pratique que le directeur de l’école primaire de Kipé 2 trouve dégradante.
« Lorsque vous entendez parler de fouet, c’est surtout en Afrique. Sinon, le fouet n’éduque pas. Si vous voyez quelqu’un utiliser le fouet, c’est qu’il a manqué de stratégies. Sinon, vous avez mille façons de corriger l’enfant sans le frapper. Donc, à mon avis, le fouet ne permet pas à l’enfant d’étudier. On peut quand même l’effrayer, mais pas le taper avec. Car, il y a de ces enfants, lorsqu’ils voient le fouet, ils vont faire ce que tu veux sans que tu les tapes. Mais, je me reprends encore, c’est par manque de stratégies qui fait qu’il y a de ces collègues de service, surtout au niveau des enseignants, qui utilisent le fouet. Sinon, il y a mille punitions que tu peux faire à un enfant. Tu peux le mettre à genoux, tu peux lui dire que tu n’iras pas à la récréation, tu peux lui faire laver les toilettes, les classes ou autre choses sans utiliser le fouet. Moi, je ne peux pas dire que le fouet n’est pas appliqué dans mon école, parce que dans toutes les écoles, le fouet s’applique. Mais, je dis encore que l’enseignant qui l’utilise est en manque de stratégies, de techniques pour enseigner ces enfants. Donc, je ne le souhaite pas. D’ailleurs, à tout moment, même dans mes notes circulaires, je l’écris : interdiction formelle de châtiment corporel. Et c’est interdit, surtout avec les lois. Sinon, avant, dans les écoles de la République, ça frappait. C’est maintenant qu’il y a trop de libertinage, trop de démocratie. Donc, les enfants ont trop de droits. On dit interdiction du fouet. Donc, nous aussi, nous restons derrière ces lois et règlements qui disent que le fouet est interdit. Mais, je vous assure, le fouet n’aide pas à enseigner un enfant, à lui donner une connaissance. Il y a une gamme de sanctions que tu peux utiliser pour sanctionner l’enfant », a-t-il laissé entendre.
Par ailleurs, Mamadou Mountagha Souaré a expliqué que le fouet a un impact négatif sur les enfants. « L’utilisation du fouet a tellement d’impacts négatifs sur les enfants que tu peux les blesser en les frappant, tu peux toucher à leurs parties sensibles sans t’en rendre compte tel que : l’œil et autres. Tu peux même fracturer ou taper à des endroits où il ne faut pas taper. Puisqu’il y a de ces enfants, lorsque tu veux les taper, ils font toutes sortes de grimaces. Donc, c’est pour cela qu’on dit de ne pas utiliser le fouet. Il peut avoir également un impact psychologique, car cela fait perdre complètement la connaissance à certains enfants. Par contre, il y a de ces enfants, si tu ne les frappe ou ne les effraie pas avec la chicote, psychologiquement, ça ne marche pas », a-t-il expliqué.
Pour terminer, le directeur de l’école primaire de Kipé 2 lance un appel aux enseignants et aux parents d’utiliser d’autres méthodes de correction que le fouet. « Que ce soit dans les écoles, que ce soit à la maison, je demande à tout le monde d’utiliser une autre méthodologie que le fouet. Parce que le fouet ne permet pas à l’enfant de faire ce que vous voulez. Quand vous frappez un enfant une fois, deux fois, trois fois, c’est fini, il est habitué au fouet et ça ne l’effraie plus et ça ne l’empêche pas non plus de commettre les mêmes bêtises. Donc, c’est mieux d’utiliser d’autres gammes de sanctions, soit tu bloques ce qu’il aime, s’il s’agit de regarder la télé, tu lui prives de cela ou autres. Moi, il m’arrive ici, à l’école, de leur faire laver la classe, les toilettes, des fois même, je demande aux enfants d’envoyer des graviers au lieu de les frapper. Donc, c’est pour vous dire qu’il y a plusieurs gammes de sanctions qui permettent aux enseignants de sanctionner les enfants », a réitéré monsieur Souaré.
De son côté, Fatoumata Camara, parente d’élève, a fait savoir que tout encadreur qui blesse son enfant avec une chicote aura des problèmes avec elle.

« Le fouet n’éduque pas, que ce soit en milieu scolaire ou à la maison. La violence éducative n’éduque pas un enfant. Certes, je reconnais qu’il y a de ces enfants, avec eux, il faut utiliser le fouet parfois, pour qu’ils apprennent et arrêtent certaines choses que ce soit à l’école ou à la maison. Donc, tu peux corriger l’enfant de façon légère avec un fouet ; mais le frapper de sorte que tu blesses n’est pas bon. Si tu l’aides à apprendre et tu te rends compte qu’il ne comprend, tu peux lui donner des petits coups pour l’effrayer. Ça, c’est compréhensible dans l’éducation. Mais, tu ne dois en aucun le frapper jusqu’à le blesser avec la chicote. En tout cas, chez moi, quand tu frappes mon enfant jusqu’à le blesser, même si c’est pour son éducation, cela ne va pas passer inaperçu chez moi, ça va mal se passer entre le maître et moi. Parce que je lui ai donné mon enfant pour qu’il le forme et non pas pour qu’il le blesse ou complique sa vie. Donc, je vais dire aux enseignants d’éviter de frapper les enfants en milieu scolaire… En Europe, on ne frappe pas un enfant. C’est en Guinée ici qu’on frappe sévèrement les enfants ».
Fatoumata Diouldé Diallo pour Guineematin.com
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